L’objectif de ce travail est d’élucider l’origine et la fonction des maisons longues découvertes dans l’Ungava au cours ds vingt dernières années. Ces constructions, qui peuvent avoir de 12 à 40 m de longueur, avaient d’abord été attribuées hypothétiquement au Dorsétien par William Taylor en 1958. puis, en raison de leurs dimensions, de leur forme et de certains détails de leur aménagement, la thèse d’une origine noroise ut défendue par Thomas Lee à la suite de fouilles qu’il fit à Parmick de 1966 à 1972. Cette thèse resta vivement contestée par la quasi-totalité des archéologues travaillant dans l’Arctique mais sans l’appui de données de fouille. Les fouilles conduites par l’auteur dans l’Ungava et en particulier au site de la Pointe aux Bélougas en 1970 et 1977, permettent de rejeter l’hypothèse de départ que ces maisons ont une origine norroise. Une influence norroise n’est cependant pas considérée comme impossible. (…) Il apparaît que les maisons longues de l’Ungava étaient des lieux de rassemblement de courte durée, probablement à la fin de l’été, pour des familles constituant une même bande régionale. Ces familles aménageaient leurs espaces domestiques en les juxtaposant de part et d’autre d’une zone axiale où devaient se dérouler des activités collectives. Certaines constantes structurales des maisons longues pouvaient avoir une fonction symbolique. La répartition des maisons longues dans l’Ungava reflète en partie le mode d’établissement des différentes bandes dorsétiennes qui avaient chacunes un territoire d’approvisionnement lithique différent.